Sunday, October 5, 2008

New York in July... Art & loneliness...

Bizarre de ne pas savoir à qui j’écris... Je vous fais part de mon dilemme : au départ je voulais juste laisser ici de belles images parsemées comme des crottes de lapin avec trois lignes laconiques en amuse-gueule mais j'ai aussi envie de raconter des histoires. Donc pour aujourd’hui, post-fleuve : l'attraction du bric-à-brac bordélique chez moi est malheureusement plus forte que le désir de minimalisme... (soupir)

C'était la première fois que je partais à NY en "mission". Cela voulait dire partir seule et rencontrer une dizaine d'artistes éparpillés dans la ville que je ne connaissais qu'en "théorie" pour enfin brosser un portrait de groupe de la bande en question. Il faut le reconnaître : ça fout la trouille. Premier signe : Marie-Sophie, une de mes meilleures amies, était dans l'avion par hasard. À l'aller puis, par erreur, au retour. Miguel et Graham me prêtaient leur appart à Chelsea car, par hasard, ils squattaient ma chambre à Paris. Ca faisait beaucoup de hasards. Mais bon sans être particulièrement superstitieuse, dans ces moments-là on se sent un peu protégé. Il y a forcément une entité supérieure qui s'occupe du cas, même si c'est un petit cas. Personnellement, j’aime bien penser qu’il s’appelle Luc et qu’il a quitté notre dimension aux alentours du 11 septembre 2001. Cela n’engage que moi.


Si je ne devais retenir que quelques images de mon voyage, ce serait celles-ci :


La belle maison de Malo à Greenwich Village deux heures après l'arrivée. Vautrées sur le canapé à discuter du stylisme sidérant (très très loin au delà du kitsch) de la série "Sous le soleil" qui fascine d'horreur et de joie toute une tripotée d'exilés français à travers le monde (si si). Malo m'a résumé brillamment 458 épisodes en 34 minutes (c'est-à-dire les turpitudes étonnantes de 21 personnages bien barrés) et j'ai adoré ça.

Ensuite il y a eu la première interview : Nate Lowman à l'arrache au Max Fish. Je n'avais pas ma machine à enregistrer sur moi, encore moins mes notes, les gens étaient bizarres et tatoués, Nate était intello et gentil avec sa mèche sur l’œil : c'était le moment ou jamais de faire une interview bourrée. J'ai choisi le gin fizz. Pour atterrir au Santos Party House à trois heures du mat, avec Leo et Nate. Le pilier (en plâtre) de la boîte où j’étais accrochée était plus stable que moi et sans jet-lag lui... Mes souvenirs sont confus mais je me rappelle de deux choses : la Djette était d’enfer et portée sur les rythmes latinos (Rachel ? ) et j’aime les taxis jaunes d’amour fou.









Le lendemain, j'ai marché un peu. Pris le métro pour Brooklyn, pour rencontrer Scott Campbell, le meilleur tatoueur du monde dans son bureau blindé de livres, d’esquisses et de gris-gris (cf la photo de l’estampe « L’Espérance » ci-contre). Le meilleur parce que, au-delà de ses talents de "gravure sur peau", Scott est profondément gentil, intéressant, ouvert (et modeste) et qu'il a ce truc inexplicable - presque un don de psy - qui fait que les gens se confient à lui en trois minutes.

Je l'ai interviewé sans voir le coup arriver et ça n'a pas traîné, une heure plus tard il
savait des choses que même mon coloc ne sait pas sur moi. Honte. Honte. Honte. Mais je peux dire que c'est une des personnes dont j'ai été la plus fière de serrer la main...

Si un jour quelqu'un me tatoue, ce sera lui sans hésitation. Il travaille à la manière des cadavres exquis en demandant dix mots à son client sur lesquels il crée et propose un motif. De la vraie psychanalyse sur peau en définitive.














Autre image : le studio blanc blanc blanc de Terence Koh à Chinatown. Ses chats presque blancs et son paon (blanc) empaillé. Tout le monde jouait avec tout le monde. Il ne manquait qu’un lapin assorti qui court avec une montre.








Autre image : celle du poster vintage Calvin Klein dans le studio gigantesque de Dan Colen à Tribeca. Son père l'a trouvé roulé un soir sur le trottoir dans la rue près de chez Dan. Comme ça. Evidemment la fille-garçon a le cheveu court sur sa nuque, infiniment troublante dans ce collant qui gaine ses fesses nues. Il était trois heures du matin, et quand je suis partie, Dan s'est remis au travail. Comme chaque nuit. Il faudrait toujours rencontrer les gens en pleine nuit : l’obscurité force à être honnête. J'ai pris un taxi. Il faisait très chaud et New York sentait l'asphalte, le sel et le skaï du siège où j'avais posé mon derrière. La vie ressemble parfois à un film.
(à suivre...)

1 comment:

Anonymous said...

merci luc